Par S. FAVRIN*
La mise en route de “l’E.learning” sur le site “gynerisq.net”, fournit l’occasion d’une mise au point sur la lecture du Rythme Cardiaque Fœtal (RCF) pendant le travail.
Nous rappelons que les exemples de tracés actuellement sur le site sont à utiliser uniquement en lecture, sans chercher à donner ou à critiquer la conduite à tenir obstétricale. Ces exemples seront complétés, à court terme, par des “cas cliniques” où un avis sera alors demandé sur la prise en charge.
Nous invitons les adhérents de Gynerisq à nous adresser des exemples de tracés accompagnés de l’observation clinique anonymisée.
La surveillance du Rythme Cardiaque du Fœtus (RCF) pendant le travail a pour but de détecter une hypoxie fœtale pouvant conduire à l’acidose métabolique source potentielle d’encéphalopathie néonatale avec son risque éventuel de séquelles neurologiques (“cerebral palsy” ou I.M.O.C).
L’évolution vers l’acidose sera d’autant plus rapide que le fœtus sera fragile (RCIU par exemple) ou fragilisé par une pathologie associée (pré-éclampsie, infection…) ou une circonstance particulière (dépassement de terme…).
Le tracé du RCF est un reflet de l’état du fœtus au moment où il est enregistré. Il doit donc être répété pour s’assurer de l’absence d’évolution péjorative.
A l’admission de la patiente, en début de travail, il est recommandé de faire un enregistrement de 30 mn avec, dans le même temps, une analyse des éléments du dossier obstétrical à la recherche des situations à risques où la tolérance fœtale et l’eutocie ne sont pas garanties et justifiant une surveillance continue :
Durant le travail
– travail dirigé (ocytocine)
– d’analgésie péridurale
– d’apparition d’anomalies du RCF, de saignements, d’un liquide méconial ou absent à la rupture, de fièvre >38°, d’anomalies des contractions utérines et/ou de la dilatation.
La lecture des tracés du RCF passe par l’analyse systématique de cinq critères qui bénéficient maintenant de définitions internationales consensuelles.
Un tracé normal se caractérise par un enregistrement de 30 mn avec :
Il est la garantie d’un bien-être fœtal.
Les tracés anormaux peuvent correspondre à de multiples combinaisons et sont classés en fonction de leur risque d’association à une acidose fœtale installée ou potentielle. Les critères de lecture sont désormais communs mais, il n’existe pas encore de classification consensuelle (tableau 11). Néanmoins, on peut, d’un point de vue pratique, regrouper ces tracés anormaux en 3 grandes catégories :
Les tracés à risque posent le plus de problèmes en pratique. Ils justifient :
– Recherche d’un événement aigu conduisant à une conduite spécifique : saignement, hypotension, troubles respiratoires, procidence du cordon, tachysystolie et/ou hypertonie,
– Rappel du contexte obstétrical,
– Analyse de l’évolution du travail (partogramme).
– Changement de la position maternelle avec mise systématique en décubitus latéral,
– Correction d’une tachysystolie,
– Remplissage vasculaire si nécessaire,
– Oxygénothérapie éventuelle.
– Des éléments rassurants : l’existence d’une variabilité modérée et/ou d’accélérations spontanées ou provoquées par le TV sont très en faveur de l’absence d’acidose fœtale,
– Des éléments d’aggravation des anomalies :
• répétition,
• accentuation (amplitude, profondeur, durée, atypies),
• association.
1. En cas de variabilité modérée
– Bradycardie brutale sévère (< 90 bpm)
– Ralentissements variables, tardifs ou prolongés répétés avec absence d’AT.
– Tachycardie sévère isolée (> 180 bpm),
– Bradycardie modérée isolée (< 100 bpm et ≥ 90 bpm),
– Ralentissements :
• variables répétés et/ou sévères et/ou atypiques avec présence d’AT,
• tardifs épisodiques,
• prolongés avec durée > 3 mn.
– Variabilité marquée isolée (> 25 bpm).
– Tachycardie modérée (> 160 et ≤ 180 bpm),
– Bradycardie modérée (< 110 et ≥ 100 bpm).
– Ralentissements :
• variables épisodiques, typiques et non sévères,
• précoces,
• prolongés épisodiques avec une durée ≤ 3 minutes.
2. En cas de variabilité minime
– Variabilité minime isolée plus de 60mn,
– Ralentissements répétés et/ou bradycardie,
– Séquence de Hon : Tachycardie progressive, variabilité minime, perte des accélérations, puis ralentissements.
– Variabilité minime isolée durant plus de 40 mn
– Variabilité minime isolée durant moins de 40 mn
3. En cas de variabilité absente (< 2 bpm) : isolée plus de 40 mn ou associée à une autre anomalie = Tracés pathologiques.
Dans tous les cas : les anomalies de tracé du RCF imposent les prélèvements au cordon ombilical pour l’étude de l’EABF (tableau 13).
La lecture des tracés du RCF pendant le travail a bénéficié ces dernières années de la mise au point d’un langage sémiologique consensuel. La connaissance de celui-ci est indispensable aux équipes prenant en charge les accouchements. On peut espérer, par une lecture plus rigoureuse, avoir des réactions encore plus adaptées avec d’un côté l’organisation efficace anticipée d’une terminaison rapide en cas de situation à risque confirmée et d’un autre la diminution d’interventions médicales injustifiées.
La décision finale revient toujours à l’obstétricien responsable qui doit intégrer la lecture du RCF à un contexte plus ou moins complexe faisant notamment intervenir les antécédents, l’histoire de la grossesse, l’analyse du partogramme et ses conditions locales d’exercice.
Rappelons pour terminer quelques chiffres concernant ces événements :
* Docteur Serge FAVRIN : Administrateur du Syngof, président de Gynerisq, gynécologue-obstétricien à la Clinique de l’Union – Saint-Jean (31).
Revue n°92 – Mars 2013 – Lecture pratique du RCF pendant le travail
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